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Interview de Mustapha Saoud, directeur financier chez Abbott

le 17 octobre 2018

Publié le 17 octobre 2018

Mustapha Saoud est aujourd’hui Directeur Financier chez Abbott, en charge du contrôle financier des activités de cette multinationale, spécialisée en innovations thérapeutiques au sein de la division medical devices pour le Moyen Orient et tout le continent africain. Heureux de contribuer au quotidien à la réussite de son entreprise, ce diplômé de l'ISM nous raconte son parcours et délivre quelques conseils aux futurs diplômés.

En quoi consiste votre métier ?

Je viens de prendre ma fonction de Directeur financier au sein de l’entreprise Abbott, une multinationale américaine au sein de la division CAHF spécialisée notamment dans les traitements innovants des maladies du cœur. Je suis « Finance controller » pour les pays du Golfe, l’Iran, le Proche Orient, ainsi que de toute l’Afrique, c’est à dire que je supervise toutes les activités financières de ce secteur.

Que représente la fonction de financier au sein d’une entreprise internationale ?

Aujourd’hui la finance est mieux considérée : le directeur financier est l’égal du directeur scientifique ou directeur marketing. Moins « comptable » et plus « stratège », il veille à la bonne marche de l’entreprise et on attend de lui d’anticiper le futur. C’est ce qu’on appelle le « managing risk and opportunity ». Je suis un « business partner : j’ai la responsabilité de veiller au bon équilibre entre le respect des règles de la profession, en particulier éthiques, et celui des engagements financiers que prend une multinationale vis à vis de ses actionnaires.

Parlez-nous de votre entreprise. Vous identifiez-vous à la marque, à ses engagements ? Est-ce important ?

Oui, en effet, il y a quelques années maintenant que je suis dans le secteur de la santé. Même si je l’ai abordé par hasard, je suis content aujourd’hui de venir travailler tous les jours dans une entreprise dont l’objectif est de contribuer à l’amélioration de la vie des patients. J’estime que je le fais à mon niveau, au même titre que les chercheurs qui apportent des solutions innovantes ou que la « supply chain », attentive à ce que les produits arrivent à temps pour les patients. Mon rôle consiste à faciliter l’ensemble tout en restant « compliant », c’est à dire en conformité avec les règles financières.

Est-ce un rôle qui vous satisfait ?

Oui, j’adhère complétement à ce que l’entreprise appelle « winning for patient » ou « patient first »: le contact avec les scientifiques, les hôpitaux, les patients… Il ne faut pas voir uniquement l’aspect lucratif de mon métier. Je suis satisfait de travailler aux côtés de personnes dont le job consiste donner les moyens à ceux qui n’en ont pas, d’accéder aux soins. Au départ, je ne soupçonnais pas que cet aspect pouvait exister dans l’industrie.

Quelles sont, au contraire, les principales difficultés auxquelles vous faites face ?

C’est une affaire d’équilibre à trouver entre la satisfaction personnelle dont je viens de vous parler et l’obligation professionnelle à être le meilleur « business partner ». Par exemple, ce n’est pas facile de dire au marketing qu’il n’y a plus de budget pour réaliser une campagne ! On essaie de trouver des solutions pour investir, faire avancer les projets mais il faut aussi savoir dire stop…

Vos diplômes et votre premier poste sont-ils selon vous en prise directe avec vos activités aujourd’hui ?

Ma Licence en Sciences économiques et mon Master Administration et Gestion des Entreprises, obtenu en 2006 à l’ISM, m’ont à coup sûr apporté les connaissances de base en comptabilité et contrôle de gestion. Ils m’ont permis d’intégrer facilement la vie professionnelle. J’ai vite compris que le Contrôle de gestion appliqué à la Finance est la voie que je voulais suivre, une fonction stratégique. En ce qui me concerne, j’aspirais à faire partie de ceux qui aident à la prise de décision. Ainsi, je suis devenu Contrôleur de gestion junior chez EADS (78), mon premier job. Je me souviendrai toujours des lancements des fusées retransmis en direct de la Guyane sur écran géant !

Vous rêviez d’une carrière internationale ?

Je ne l’avais pas calculé d’avance. En réalité, j’ai saisi une superbe opportunité qui s’offrait à moi lors de mon deuxième poste. Au départ, J’avais envoyé des candidatures un peu partout dans le monde pour obtenir un contrat de VIE * dont une à SANOFI en Algérie, qui ne m’a pas répondu tout de suite. Sanofi m’a rappelé plus tard me proposant un contrat local de 2 à 3 ans : je suis donc parti le 1er mars 2009 et à ce jour je ne suis jamais retourné en France ! J’estime être chanceux de travailler à l’étranger, même si c’est au prix de quelques sacrifices personnels. Pour ma femme et mes enfants, ce n’est pas facile tous les jours mais ils ont une vie, un échange avec les autres que je n’ai pas eu la chance d’avoir.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune diplômé qui souhaite embrasser le même type de carrière ?

Ils tiennent en 3 mots. Etre curieux. Il ne faut pas se contenter de travailler uniquement pour les examens et de se limiter aux TD et aux cours magistraux. En ce qui me concerne, je fréquentais assidûment la BU ! On a pas besoin forcément d’être le plus intelligent ou le plus brillant, il faut savoir se motiver pour travailler. Etre ambitieux. Il faut croire en soi, pouvoir se dire « pourquoi pas moi »? Parler les langues étrangères, l’anglais en particulier. En ce qui me concerne me suis auto-formé car je n’ai pas trouvé la ressource nécessaire à l’ISM pour parler « fluent ».
Enfin, je conseille de faire un VIE : c’est une excellente formule pour un jeune diplômé de se forger une première expérience professionnelle partout dans le monde dans des multinationales françaises.

*Le volontariat international en entreprise (VIE) permet, sous certaines conditions, d'exercer une mission d'ordre scientifique, technique, commercial etc. dans une entreprise française à l'étranger.